Quel aménagement pour le quartier place Général de Gaulle – rue Dumont d’Urville ?

Quel aménagement pour le quartier place Général de Gaulle – rue Dumont d’Urville ?

Quel aménagement pour le quartier place Général de Gaulle – rue Dumont d’Urville ?

Le texte qui suit a été rédigé à l’occasion de la consultation municipale sur le réaménagement du centre-ville, organisée au mois de mars 2018. Une première partie introduit à la problématique du centre-ville. Une seconde présente une série de propositions concrètes. Un schéma complète le dossier.

Cette contribution d’un simple citoyen est appuyée sur des discussions avec des commerçants, des usagers du quartier et des membres d’associations. Il propose un compromis entre des demandes parfois inconciliables. Il lui manque des informations détenues par les services ainsi que les intentions des élus. Quant à la question du coût de l’opération de réaménagement, elle ne peut être prise en compte ici.

A l’évidence un réaménagement doit avoir lieu pour dynamiser cette partie du centre-ville. La rue Dumont d’Urville en particulier subit un déficit d’attractivité. Il serait dommage de ne transformer le quartier qu’à la marge par le simple ajout d’éléments floraux et une réfection de la chaussée, mais une modification plus profonde impose un choix entre des alternatives qui concernent la place respective du piéton et de la voiture ainsi que le partage entre végétal et minéral. Le choix ici proposé pour la place Général de Gaulle est celui d’une végétalisation importante, avec création d’un parvis et réduction de la part de la circulation automobile.

La « redynamisation» du centre-ville est une problématique commune à la plupart des villes moyennes : il faut s’inspirer des expériences déjà conduites ailleurs. Un « comité de pilotage » réunissant l’ensemble des acteurs, avec l’Architecte des bâtiments de France, et incluant la participation d’habitants aurait pu être formé en amont. Quant à  la consultation municipale du public, elle ne doit pas être un simple alibi face à un projet déjà ficelé.

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Place Général de Gaulle

 

 

Entrée de la rue Dumont d’Urville

I. Problématique

Un constat peut être fait. Le « centre-ville » n’a pas d’existence pour les visiteurs de Concarneau. Les touristes, une fois sortis de la ville close, demandent : « Qu’y a-t-il d’autre à voir » ? « Où est le centre-ville ? ». Le million de touristes qui déambule dans la ville close et s’arrête dans les cafés situés sur les quais, va peu derrière les halles et ignore presque complètement la rue Dumont d’Urville.

Avant de proposer des aménagements précis, il faut s’interroger sur la destination des espaces traités. Une ville est faite de « pleins » que sont les bâtiments, et de « vides » que sont les espaces publics : rues, places et jardins, où les gens se déplacent et se rencontrent formant des flux qui irriguent la ville.

Les places, en particulier, sont depuis toujours un élément essentiel de l’esthétique et de l’animation des villes, en liaison avec les bâtiments publics et les activités commerçantes qui les bordent. Elles ont été, dans une période récente, souvent abandonnées à la circulation et au stationnement des voitures. On en revient à une conception plus « durable » où le piéton fait un retour en force et où la place peut redevenir une scène du « théâtre social ». On s’y arrête alors pour un moment de repos ou pour discuter agréablement avec des personnes de rencontre. C’est également un lieu où peuvent se tenir des animations qui attirent des foules plus importantes. L’objectif est de faire un lieu favorable au « vivre ensemble », que les habitants et les visiteurs s’approprient parce qu’il répond à leur attente.

S’agissant de la rue Dumont d’Urville, autrefois la rue la plus commerçante de la ville, elle a subi un déclin relatif. Elle doit être réhabilitée pour être rendue attractive et confirmer le frémissement qui s’y dessine aujourd’hui.

Dimensions approximatives de la place : en longueur 100 m ; en largeur (entre les débouchés des rues Hascoët et Dumont d’Urville) 27 m. Surface approximative : 2500 m² :

S’agissant de la place Général de Gaulle, largement dédiée aujourd’hui à la circulation et au stationnement malgré sa qualification en zone 20, on peut poser les questions suivantes afin de guider les choix d’aménagement :

  • Quelle(s) fonction(s) pour la place Général de Gaulle, avec quelle dominante ?
  • Quelle place pour la voiture et quel degré de piétonnisation, sachant qu’éloigner les voitures dissuade certains habitants de venir faire leurs achats mais favorise au contraire l’attractivité de l’hypercentre pour les visiteurs ?
  • Quelle part de minéralisation, quelle part de végétalisation ?
  • Quel pôle d’animation pour attirer les habitants et les visiteurs ?
  • Quelle articulation entre les espaces publics (rues et places), l’habitat, les commerces et services, et la vie culturelle ?
  • Un quartier n’étant pas enfermé dans ses frontières, quelle articulation avec les espaces voisins ?

Ce dernier point amène à une réflexion élargie. L’ancienne Mairie a été vendue par la municipalité à un promoteur pour y réaliser le programme Ti Kêr. La démolition de l’ancienne usine, puis caserne, ouvre aujourd’hui le regard sur un espace, à l’arrière de la Mairie, qui sert au stationnement des véhicules du personnel. Il y a là une perspective magnifique, comme la promesse d’une vraie place, articulée aux autres, dont on imagine facilement un aménagement sur son côté droit (végétation, terrasse de café). Cette perspective va être bouchée par la construction à venir :

 

 

 

 

 

 

Reste que le passage pour piétons entre la place de l’Hôtel de Ville et celle du Général de Gaulle, en passant sous le porche de Ti Kêr, pourrait être facilement élargi.

La vente de l’ancienne Mairie a conduit la municipalité à perdre la main sur ce bâtiment, elle a également perdu la main sur les locaux qui étaient occupés par Bréal et Cache-Cache, locaux vendus à un particulier il y a quelques années : il y avait là des rez-de-chaussée où un pôle d’animation aurait pu s’installer, comme par exemple une galerie d’exposition.

Des espaces sont remplis, des locaux vendus, et ensuite vient l’interrogation : quel aménagement pour le reste ? Or, c’est la vue d’ensemble qui aurait dû précéder le détail.

Cette vue d’ensemble ne concerne pas seulement le quartier Général de Gaulle-Dumont d’Urville mais un ensemble plus vaste qui inclut la place de l’Hôtel de Ville avec ses arcades (une place à requalifier avec l’arrivée future de la médiathèque), ainsi qu’en continuant, le square des Filets bleus et la place Vianney, vers le quai de la Croix, et de l’autre côté la rue des Ecoles avec plus loin une placette qui précède l’Eglise. La vue d’ensemble sur ce périmètre, plus une approche globale incluant l’habitat, les commerces, les services, le patrimoine et les plantations aurait nécessité une étude d’urbanisme complète, assortie peut-être d’une modification du PLU. Il est dommage que cela n’ait pas eu lieu. De plus, cela aurait permis de postuler au programme gouvernemental « Action cœur de ville ».

Dynamique actuelle en bleu soutenu, dynamique à promouvoir en bleu clair. La rue Dumont d’Urville qui se prolongeait jusqu’à la mer a été malencontreusement verrouillée par la « Résidence Atlantide », il y a quelques dizaines d’années: /.

 

 

II. Propositions d’aménagement

  1. Circulation et stationnement

L’idée générale est d’attirer le public en créant une véritable « place », un espace qui ne serait plus saturé par les voitures mais où les piétons pourraient se déplacer et « stationner » en toute sécurité dans un environnement convivial.

Zone 20 ou zone piétonne ? Les alternatives sont les suivantes :

  • Piétonnisation intégrale. Le piéton et les modes doux de circulation sont alors gagnants, ils peuvent investir l’espace ainsi libéré, au détriment des voitures.
  • Maintien en zone 20 avec conservation des voies de circulation et des places de stationnement actuelles ; l’automobiliste est gagnant mais la situation est figée.

Les commerçants rejettent une piétonisation intégrale ; ils souhaitent conserver la zone 20 et une part au moins du stationnement. Le compromis ici proposé préserve la zone 20 mais modifie les paramètres de circulation et de stationnement.

Réduction du stationnement. Le nombre de places serait réduit au moins de moitié, passant de 32 à 16 (dont 2 pour handicapés). Les places utiles seraient situées en bordure des halles (livraison) et sur la partie Est de la place (côté Ti Kêr et ex-Cache Cache).

Un nouveau système d’horodatage (du type de celui qu’on trouve à Quimper) serait installé avec 30 m gratuites et 2 heures maximum. Une rotation de seulement 4 véhicules/jour porterait déjà le nombre potentiel de voitures faisant usage du stationnement à 64. Il serait utile d’étudier des possibilités particulières de stationnement pour les commerçants, ailleurs que sur la place car ce serait contre-productif.

Signalisation urbaine. Elle devrait être rendue plus lisible, complète et cohérente. Les entrées et sorties de la zone 20 ne sont pas très visibles et manquent de rappel (depuis la rue H. Hascoët jusqu’à la rue Malakoff) ; la signalisation au sol vient la contredire par de nombreux «zone 30 » peints au sol qui trompent le conducteur. Il s’agit de rendre effective la chaussée partagée (en forçant la réduction de vitesse par des ralentisseurs).

Rue Dumont d’Urville, le stationnement autre que de livraison serait interdit.

Accès au grand parking du quai. Afin de réduire le tour des halles par de nombreuses voitures à la recherche d’un stationnement, une signalétique indiquerait l’accès au parking de la place du 8 mai 1945 par le quai Pénéroff. Le passage serait ouvert aux voitures et le bus n’y ferait plus qu’un simple arrêt. Ce passage serait barré les jours de marché.

Autre modification du plan de circulation. Afin de gagner de la place pour les piétons, le retour de la rue Villebois Mareuil vers les halles serait condamné, le dégagement des voitures se ferait par la rue Général Morvan, à changer de sens et à doter d’un feu au carrefour avec le quai. En résumé, Les voitures continueraient à pouvoir entrer par la rue H. Hascoët et auraient le choix entre faire le tour des halles, s’engager sur Dumont d’Urville ou prendre la rue des Ecoles. Le passage vers la rue des Ecoles se ferait sur la chaussée qui sert actuellement de retour depuis Villebois-Mareuil (côté Est de la place).

   2. La rue Dumont d’Urville.

Réfection complète de la chaussée : suppression des trottoirs ; chaussée en enrobé de couleur (à déterminer) ; marquage par un matériau contrasté (à déterminer) de trottoirs virtuels ; évacuation des eaux au centre ; décoration avec des bacs (à déterminer) pour compositions florales ; incitation à traiter les devantures de locaux vacants.

Entrée de rue : les arbres, allergènes, sont voués à l’abattage ; réaliser une entrée incitative (nouvelles plantations coordonnées avec celles de la place).

   3. La place Général de Gaulle

C’est un trapèze qui se compose de deux morceaux de part et d’autre de l’axe H.Hascoët – Dumont d’Urville: rectangle minéral à l’arrière des halles d’un côté, triangle avec un linéaire d’arbres de l’autre côté. La question posée est celle du choix de sa destination dans un jeu entre structure, fonction et esthétique. Les alternatives extrêmes sont les suivantes :

  • Une place végétale, avec des arbres, un square planté, voire des toitures et des façades végétales, créant une respiration densément végétale dans la ville
  • Une place minérale où pourraient s’installer (en complément à l’esplanade Jean Jaurès) des animations permanentes ou ponctuelles

La végétalisation complète est exclue puisqu’on garde une part de circulation et de stationnement. La minéralisation fait un espace trop froid. Reste un mixte des deux et la question de situer au mieux, la fonction conviviale de « rencontre » et la fonction d’animation, les dispositifs végétaux et les voies de circulation.

L’aménagement suggéré dans la simulation est celui d’une sorte de « place-jardin » ou de « square-parvis » : (1) autour de l’axe central, un ensemble végétal avec cheminement (arbres à feuilles persistantes remplaçant les actuels, plantations), formant un square non clôturé à l’arrière des halles, interrompu par le passage des véhicules, se continuant de l’autre côté jusqu’à finir en pointe au fond de la place. (2) A l’Est (côté Ti Kêr et ex-Cache Cache) la voie de circulation et de stationnement en sens unique. (3) A l’Ouest, depuis l’angle H. Hascoët jusqu’à l’entrée de la rue des Ecoles, l’espace minéralisé serait agrandi de manière à pouvoir supporter des animations (exemples : déplacement du manège du parking ; marché de Noël et stands d’artisans, l’été ; concerts). Pour favoriser la détente et la rencontre, des bancs seraient installé ici ou là (en tenant compte du risque inhérent de squat).

On aurait alors trois bandes parallèles : un parvis minéral, un square végétal, une voie de circulation. Tout cela peut tenir, tout en restant très contraint dans les dimensions.

Dans tous les cas, la partie minérale devrait être traité en unité avec la rue Dumont d’Urville : enrobé, trottoirs supprimés et remplacés par un marquage dallé ou empierré ou des barrières pour séparer la partie consacrée aux voitures.

Mobilier urbain. De manière générale, que ce soit pour la place ou la rue Dumont d’Urville, une attention particulière à la qualité et à l’esthétique du mobilier urbain, des devantures et des enseignes est à promouvoir.

   4. Commerce et services

Commerces. Outre la demande d’une grande surface située en ville mais difficilement localisable dans l’hypercentre, il y a la demande d’une boulangerie qui permette aux Concarnois et aux visiteurs de s’approvisionner quand les autres points de vente sont fermés. Reste à trouver un local et un candidat. Il y a une ressource de proximité puisque le lycée professionnel Saint-Joseph-Saint-Marc forme au bac pro boulanger pâtissier !

Les horaires d’ouverture sont à considérer par les commerçants : élargissement à la plage 12h-14h ; seul Carrefour City est ouvert en permanence, fournissant un service en continu. Une réflexion sur le commerce électronique est également souhaitable.

Services publics. En dehors de la Mairie, de la Médiathèque, de l’école de musique et des écoles maternelle et élémentaire, situées à proximité, la plupart des services publics ont été délocalisés. On ne reviendra pas sur l’Office du tourisme qui a été sorti autrefois du centre-ville et se considère comme bien installé là où il se trouve ; Quimper a fait aujourd’hui le choix inverse en le ramenant avec succès du parking au centre-ville.

    5. Pôle culturel-patrimonial

En complément du pôle dominant de la Ville close, l’idée est celle d’un pôle qui attire en centre-ville les Concarnois et les visiteurs, un pôle qui serait signalé dans les guides. Ce pôle pourrait être le lieu d’exposition de la collection municipale d’œuvres d’art, avec ses 400 peintures comprenant de nombreuses pépites, un « musée » attendu depuis des décennies. Il aurait pu trouver sa place au RDC de l’ancienne Mairie : la proposition en avait été faite au Conseil municipal de mars 2016, au moment de la vente du bâtiment, mais elle avait été écartée. D’autres lieux sont éligibles, encore faudrait-il une réelle volonté pour concrétiser cet objectif qui mettrait enfin en pleine lumière les peintres de l’ « école de Concarneau ».

   6. Habitat et politique foncière

Le centre-ville comporte parfois un habitat dégradé, on en trouve quelques exemples rue Dumont d’Urville. Une opération d’aide à la réhabilitation des bâtiments pourrait être lancée avec des incitations fiscales. Le droit de préemption pourrait s’exercer ici ou là.

Dans tous les cas, sur ce secteur, la réhabilitation doit être préférée à la rénovation même si cela a un coût. Ainsi l’ancienne Mairie a été préservée tandis qu’en face, l’ancienne Ecole a été remplacée par un bâtiment sans caractère.

Le hangar-gymnase de l’ancienne Hermine a été acquis, semble-t-il, par un promoteur pour une opération immobilière qui risque de s’accompagner d’une démolition du presbytère et de la maison qui abritait le Secours catholique. A éviter. Une partie de l’espace au moins pourrait être converti en espace vert et s’intégrer dans un circuit végétal.

                              A l’extrémité de la place, un passage en goulot vers le hangar

III. Schéma illustratif

Sur ce schéma, on aperçoit une particularité du centre-ville de Concarneau, sa composition en trois « secteurs » :

1) un pôle patrimonial-touristique principal (Ville close) et secondaire (place de la Croix), à quoi s’ajoutent la promenade en bord de mer, les façades le long du front de mer et le bâtiment des Halles.

2) un ensemble de parkings de masse qui entourent le pôle touristique principal (parkings utilisés aussi pour des évènements): la voiture occupe et structure l’espace public, on la voit – on la respire – de partout.

3) en arrière, le centre-ville avec ses axes commerçants (en bord de parking et à l’intérieur) et son arc de places et placettes principalement minérales et dont la plupart sont vouées à la circulation et au stationnement des voitures.

Ce qui manque, c’est un pôle patrimonial-touristique dans le « quartier » de la Place Général de Gaulle-rue Dumont d’Urville. Quant à l’arc de places et placettes on peut rêver d’une sorte de coulée végétale conduisant des unes aux autres.

 

 

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COMMENTAIRES REÇUS:

Dominique. 31 Mars 2018. « Bravo  pour ce projet argumenté. Il apporte une contribution très pertinente à la réflexion sur l’urbanisation de ce quartier situé en plein coeur du centre-ville, et qui mérite, une redynamisation pro-active. J’insisterais personnellement sur l’articulation avec les quartiers voisins, en particulier Foch-Courcy, et l’arrière-Corniche, qui doivent être reliés par des circulations directes, au mieux piétonnières, en tous cas douces, au coeur du centre-ville.  Les échanges, et les promenades aussi, y seraient d’autant plus facilités qu’on y installerait des lieux de fréquentation publique, et y maintiendrait des espaces de nature en ville, et de biodiversité. »

Christine. 3 Avril 2018. « Installer une réalisation qui attire le regard dans l’alignement de la rue H. Hascoët: oeuvre d’art, fontaine… »

Entendu, le 12 Avril 2018. Pour réduire l’emprise des voitures, inverser le sens des rues suivantes: Dumont d’Urville (entrée par la rue Bayard), H. Hascoët (sortie sur le quai) et des Halles (tour des Halles pour les commerçants).

 

 

 

 

 

 

Etienne Lang

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