Lettre d’information #5

Jardin du Dorlett: l’expression populaire méprisée.
Le Conseil Municipal de Concarneau, lors de sa séance du 16 mars 2017 a voté le déclassement du square des Tulipes, au Dorlett, quelques jours après qu’ait été rendu public l’avis favorable du commissaire-enquêteur de l’enquête publique, malgré l’opposition de la majorité des contributions écrites et verbales du public. Ce vote a suivi la présentation des conclusions du rapport et une courte discussion.
Pourtant la lecture attentive du rapport aurait peut-être semé le trouble dans la conviction des élus. Ce rapport est manifestement entâché d’imprécisions sur le nombre et la qualité des contributions, de nature à altérer la juste mesure de l’avis du public. On y constate aisément une contradiction flagrante entre le compte-rendu du Commissaire-Enquêteur sur les contributions du public et les conclusions du rapport. Enfin, les conclusions « motivées » sont particulièrement indigentes.
Ces constats ont semblé suffisamment graves pour que des observations détaillées aient été communiquées, sitôt que le rapport a été rendu public, au Président du Tribunal Administratif de Rennes, qui avait procédé à la désignation du Commissaire-Enquêteur.
Sans entrer dans les détails, le nombre des contributions cité en Conseil Municipal, reprenant le compte-rendu du Commissaire, est faux, si on le compare aux tableaux fournis dans le même rapport. Ce ne sont pas 15 contributions qui ont été défavorables , mais 26, si l’on compte le collectif du Conseil de Quartier. Ce ne sont pas 10 contributions qui ont été favorables au projet, mais 8, la moitié d’entre celles-ci émanant de membres du Conseil Municipal ou de la majorité.
Après avoir souligné à plusieurs reprises dans son rapport un climat d’opposition au déclassement qui a mobilisé particulièrement les habitants, le Commissaire-Enquêteur se contente de reproduire les termes du dossier de l’enquête et les arguments de la municipalité qui souhaite offrir ce petit jardin public à la construction de logements par un bailleur public. Aucune des préoccupations des contributeurs, hormis les difficultés de circulation n’est prise en compte dans l’expression de son avis.
Les conclusions « motivées » du Commissaire-Enquêteur, face à ce climat d’opposition, apparaissent particulièrement insuffisantes, se limitant à affirmer sans en apporter aucune preuve objective que la parcelle destinée à un usage d’espace vert n’est pas très fréquentée par les riverains, et que cet espace ne présente pas d’intérêt général car il ne remplit pas sa fonction d’espace vert.
Le seul argument objectif à l’appui du déclassement est l’allégement de la charge d’entretien globale de la municipalité. Cet argument a d’ailleurs été balayé par M. CALVARIN qui a souligné que c’était l’augmentation du nombre d’ensemble immobiliers générateurs d’espaces publics qui accroissait la charge d’entretien, et non pas les espaces existants.
L’expression clairement exprimée des riverains (les principaux concernés) est l’opposition à la disparition des espaces verts en ville. Un jardin public est la propriété de tous les Concarnois, et non pas des élus. Mais, la procédure ayant été respectée (enquête publique, conclusions favorables du rapporteur, vote du Conseil), le jardin peut être désormais être déclassé, contre l’avis quasi-unanime des riverains.
La volonté clairement exprimée de l’équipe municipale est l’urbanisation, par le « comblement des dents creuses ». Il serait temps que nos édiles comprennent que ce n’est pas en urbanisant les espaces verts en ville que nous sauverons la planète, que la destruction de ces « respirations » urbaines n’aura aucune influence sur l’étalement urbain, et ne fera qu’accroître la pollution de la ville.
Qui serait assez cynique pour penser sérieusement qu’un espace vert qui constitue le cadre de vie des habitants ne remplit pas sa fonction d’espace vert? Il serait temps que nos édiles, si sensibles à la « concertation », et au bien-être de leurs administrés, entendent leur expression, et la respecte.
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