Contre le saccage d’un écosystème urbain, rue Victor Hugo

Rappelons l’historique: en 2016, la Mairie de Concarneau accorde, sans état d’âme, un permis de construire au promoteur ACP-IMMO pour la construction d’un immeuble de 17 logements à la place d’un parc arboré, au milieu d’un îlot constitué d’une trentaine de maisons, rue Victor Hugo. L’association Asso-Cornouaille se constitue alors, en même temps qu’à l’occasion du lancement d’un projet d’aménagement municipal du secteur Foch. Elle réussit à faire évoluer le projet Foch mais se heurte à un mur rue Victor Hugo. Un recours devant le Tribunal administratif de Rennes est déposé par deux riverains. Ils sont déboutés en 2019 sans considération pour leur argumentation solide. Quoi qu’il en soit, le caractère nuisible de ce projet immobilier, dont le chantier doit démarrer en janvier, reste entier. En effet:

Terrain d’assiette de la construction, contour orange
1. Avec des appartements à 400 000 euros, le projet de la rue Victor Hugo ne constitue pas une réponse à la question locale du logement, mais au contraire un gaspillage des ressources. Un projet similaire concernant 30 logements a été réalisé dans une rue voisine : deux ans après il est occupé en permanence à moins de 20%. C’est une preuve du caractère spéculatif de ce type d’opération.
2. Le projet, avec son bloc de quatre niveaux, n’est pas intégré au voisinage fait de maisons individuelles de caractère. Il détruit un paysage urbain à forte valeur patrimoniale. Avec la future aire de protection du patrimoine (AVAP), en cours de rédaction, un tel projet dans un « espace proche du rivage » n’aurait pas été possible.
3. Il saccage un écosystème remarquable, sans étude d’impact à la clé. Tous les arbres du terrain vont être rasés : au moins 7 arbres à haute tige et de valeur plus de nombreux autres (érables, hêtre pourpre, châtaigner, if, figuier, pommiers, chêne – liste non limitative). Ils seront remplacés par un nombre moindre (7) d’arbres d’ornement « de petite taille, ½ tige ou tige », aux fruits non comestibles.

Vue du parc depuis le Nord, abres à « nettoyer »
Plus de vingt espèces d’oiseaux, sédentaires ou migratoires, s’abritent dans cette végétation où de nombreuses nidifications ont lieu (ont été observés, entre autres : accenteur mouchet, chardonneret, fauvette à tête noire, geai des chênes, mésange à queue longue, mésange bleue, mésange charbonnière, pinson, pivert, pouillot véloce, roitelet à triple bandeau, rouge gorge, tarin des aulnes, tourterelle, troglodyte mignon, verdier, plus une dizaine d’espèces communes).
Parmi les espèces terrestres, on trouve des salamandres, des hérissons, des batraciens, etc. Une biodiversité qui remonte à toujours puisque le parc en question n’a pas subi de modification notable depuis plus d’un siècle et qu’il était auparavant agricole. Voilà donc une grande quantité d’espèces qui vont disparaître.

Vue du parc depuis le Sud, arbres à « nettoyer »
4. Il aggrave l’imperméabilisation des sols : sur les 1867 m² du terrain d’assiette de pleine terre, 389 m² vont être conservés, le reste va être artificialisé (immeuble, voirie) : c’est une réduction de 80% de l’espace vert. Le pompage de l’eau par les arbres va être considérablement réduit dans ce secteur fortement humide.
5. Or, on le sait, des « respirations vertes » sont indispensables dans les villes : pour absorber le carbone et dépolluer l’air, pour favoriser la régulation des températures et réduire l’emprise du vent, pour absorber le trop plein de pluie lors des épisodes de fortes précipitations, et, de manière générale, pour favoriser le bien-être des habitants.
Le « nettoyage » du terrain, va commencer dans quelques jours. « Nettoyage », c’est le terme utilisé par une interlocutrice d’ACP-IMMO et par des responsables du futur chantier rencontrés ces jours-ci. « Nettoyage » : entendez par là l’abattage des arbres et l’exil forcé ou la mort des oiseaux et de la faune terrestre dès ce mois de décembre.

Vue sur la parcelle qui servira de voie de passage, arbres à « nettoyer »
Asso-Cornouaille appelle chacun à faire connaître et à dénoncer ce grand « nettoyage » afin que nos édiles comprennent qu’il ne doit plus être possible de livrer sans contrôle la ville aux promoteurs.

L’immeuble ACP-IMMO
1 commentaire pour l’instant